Travailler moins pour gagner autant, c’est vers ce modèle né en Islande en 2010 que se dirige sensiblement l’emploi dans nos pays occidentaux, aubaine pour certains salariés, défis pour les entreprises, le galop d’essai de la semaine à 4 jours est en cours.
En mai dernier Nicolas Schmitt, commissaire européen à l’emploi, affirmait dans un entretien que la réduction du temps de travail à salaire plein constituait une solution possible pour rendre l’emploi attractif dans les secteurs en pénurie de main d’œuvre, il annonçait même des discussions dans ce sens entre les entreprises et les partenaires sociaux dans certains pays, sans consensus au niveau européen, pour le moment.
Il est vrai que l’idée a de quoi séduire les moins besogneux d’entre-nous : place à plus de loisirs et de temps libre, augmentation du bien-être personnel.. en revanche les entreprises en manque de main d’œuvre se résoudront-elle à accepter de réduire le temps de travail quitte à perdre en compétitivité ? A moins que les salariés ne soient au final contraints de répartir leurs 35 heures de travail sur quatre jours au lieu de cinq ?
Depuis la réforme des 35 heures, il est largement prouvé par de nombreux économistes que loin de favoriser les entreprises et l’attractivité, c’est la croissance par l’augmentation du temps de travail qui crée des emplois, le fameux travailler plus pour gagner plus fait donc toujours recette.
Lors d’une enquête réalisée par la CGT et d’autres syndicats en Avril 2021, nous apprenions que 88% des salariés interrogés déclarent effectuer des heures supplémentaires, parfois jusqu’à 6 heures par semaines et pour 20% d’entre-eux dépasseraient même les 44 heures travaillées par semaine, pas toujours par amour du métier mais bien pour des raisons économiques.
L’idée de la semaine à quatre jours fait malgré tout son chemin et s’installe déjà timidement dans le monde du travail, elle est testée en ce moment même dans plusieurs sociétés, notamment en Allemagne où le robuste syndicat de la métallurgie IG METAL appuyé par le ministre du travail est en train de lancer le débat, des initiatives semblables se mettent en place en France et dans d’autres pays européens.
En Espagne le gouvernement accorderait même des subventions aux entreprises qui franchiraient le pas : pour l’instant seules une quarantaine d’entreprises et 500 salariés espagnols ont répondu favorablement à la semaine de quatre jours sans perte de revenus.
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