Un tribunal de Moscou a décidé vendredi de placer en détention provisoire un ressortissant français employé par une ONG suisse. Arrêté jeudi, l’homme est accusé d’avoir enfreint la loi russe sur les « agents de l’étranger« . Les enquêteurs ont demandé cette mesure contre l’accusé, qui a reconnu ne pas s’être enregistré comme agent de l’étranger tout en affirmant avoir défendu la position de la Russie dans ses activités.
L’homme de 47 ans, docteur en sciences politiques de l’Institut d’Études politiques de Paris, est spécialisé dans les guerres en Tchétchénie et auteur de plusieurs ouvrages sur la Russie, le Caucase et l’Asie centrale. Il est suspecté d’avoir recueilli des informations sur les activités militaires russes de manière illégale. Cependant, il est officiellement poursuivi pour violation de la loi sur les « agents de l’étranger« , une infraction qui peut entraîner jusqu’à cinq ans de prison et souvent utilisée pour réprimer les critiques du gouvernement.
- Réactions et implications diplomatiques
Le Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre), employeur de l’accusé, a demandé sa libération. Emmanuel Macron a déclaré que cet homme « n’était en aucun cas quelqu’un qui travaille pour la France » et a assuré qu’il bénéficierait de toutes les protections consulaires nécessaires.
Ce Français travaillait depuis de nombreuses années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, impliqué dans des efforts diplomatiques discrets en parallèle des initiatives étatiques. Les médiateurs d’ONG comme le HD Centre opèrent en toute confidentialité, facilitant des contacts informels entre adversaires, mais ces activités les exposent parfois à des accusations d’espionnage.
- Contexte des relations russo-suisses
Cette arrestation survient dans un contexte de tensions accrues entre la Russie et les pays européens, notamment la France et la Suisse, en raison de l’offensive russe contre l’Ukraine. Le Kremlin accuse la Suisse de ne pas respecter sa neutralité en adoptant les sanctions européennes et en organisant un sommet pour la paix à la demande de Kiev, tout en excluant la Russie.
Nicolas Bideau, chef de la communication du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), a écarté tout lien direct avec cette arrestation, précisant que l’affaire concerne les autorités françaises et que la Suisse n’a actuellement aucun projet avec cette ONG en Russie.
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