Les moines de l’Abbaye d’Oelenberg se retirent : une époque s’achève

Oelenberg, 9 juin 2024 — L’abbaye d’Oelenberg vit un tournant décisif. Un message inhabituel sur le site de l’abbaye annonçait aux visiteurs et aux fidèles le départ imminent de la communauté monastique : « Information : à partir de cette date, les moines quitteront l’abbaye ». Fondée en 1046 par Heilwige de Dabo, comtesse d’Eguisheim et mère du pape Léon IX, l’abbaye voit ses moines trappistes s’en aller, mettant fin à une présence religieuse qui a profondément marqué la région depuis près de deux siècles.

Bien que le message rassure les fidèles en précisant que « les activités continuent et le magasin reste ouvert comme d’habitude ! », dès ce samedi, les murs de l’abbaye ne résonneront plus des chants des moines.

  • Une histoire séculaire

Depuis 1825, les moines de l’Ordre cistercien de la stricte observance, plus connus sous le nom de trappistes, étaient installés à l’abbaye d’Oelenberg. Ils avaient fait leur retour après un exil forcé en Allemagne à cause de la Révolution française, période durant laquelle l’abbaye avait été confisquée et vendue comme bien national. Rachetée par un prêtre sous la Restauration, l’abbaye avait repris sa vocation religieuse.

Les moines trappistes ont contribué à la prospérité de l’abbaye en développant les terres agricoles et en créant une brasserie, une fromagerie, une boulangerie et une imprimerie. Au début du XXe siècle, l’abbaye comptait encore 200 moines et jouissait d’une renommée religieuse et intellectuelle considérable.

  • Une communauté à bout de force

Cependant, un siècle plus tard, en 2020, la communauté ne comptait plus qu’une dizaine de membres, dont seulement quatre moines vieillissants. En 2023, Dom Dominique-Marie Soch, père abbé élu en 2017, a quitté sa charge en atteignant l’âge limite de 75 ans. Aucun successeur n’ayant été trouvé, la décision de partir a été prise, après deux ans de réflexion conjointe avec le diocèse de Strasbourg.

Philippe Lizier, laïc responsable des activités économiques de l’abbaye, a expliqué à Famille chrétienne que sans père abbé, il était impossible de mener une vie monastique conforme à la Règle de saint Benoît et adaptée à la formation des jeunes frères. Les bâtiments de l’abbaye, couvrant plus de 25.000 m², sont en mauvais état, et les moines se disent « à bout de force » pour les entretenir.

  • Un nouveau chapitre

Au printemps, les moines ont pris le temps de discerner leur avenir dans d’autres monastères cisterciens. Ils se répartiront désormais entre les abbayes de Timadeuc dans le Morbihan, d’Acey dans le Jura, de Scourmont en Belgique et du Mont-des-Cats dans le département du Nord.

Pour l’heure, la messe continuera d’être célébrée le dimanche à l’abbaye. Le diocèse et l’ordre cistercien réfléchissent à assurer « un avenir chrétien » sur le site de l’abbaye, souhaitant préserver la dimension spirituelle de ce lieu emblématique.

Ainsi, l’abbaye d’Oelenberg, témoin de siècles d’histoire et de foi, tourne une nouvelle page, alors que ses moines poursuivent leur vocation monastique ailleurs.

source illustration : site officiel de l’abbaye

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