Où en est-on de l’affaire Rottner ?

Alsace – Le 20 décembre dernier, le président du conseil régional du Grand Est, Jean Rottner (LR), annonçait sur Twitter, à la surprise générale, sa démission « l’ensemble de ses mandats d’ici la fin de l’année » et son retrait de la vie publique et politique, évoquant à ce sujet des « impératifs familiaux », une décision « mûrement réfléchie [qui] n’a pas été facile à prendre ». Ce faisant, il n’oublie pas d’adouber au passage le maire d’Épernay, Franck Leroy, comme son successeur, au moins par intérim.

Les réactions à ce départ inattendu ne tardent pas, dont certaines sont peu amènes. Ainsi Jean-Georges Trouillet, président du parti autonomiste alsacien Unser Land et adversaire de longue date de la région Grand Est et de son président, écrit, également sur Twitter :

« A-t-on connu ces dernières décennies un homme politique alsacien aussi cynique et amoral ? Bon débarras ! »

D’autres, comme Roselyne Bachelot, ancienne ministre d’Emmanuel Macron, lui envoie littéralement des fleurs : « Cher Jean, tu prends aujourd’hui un nouveau chemin. Tu as su allier la force de [tes] convictions et le respect de ceux qui ne les partageaient pas. Je te souhaite le meilleur. Prends soin de toi. Amitiés. »

Des révélations sur une « double vie » de Jean Rottner

Coup de théâtre cependant, le samedi 7 janvier, lorsque les Dernières Nouvelles d’Alsace publient un article sur « les années de consultant de Jean Rottner » citant des « chiffres apparaissent sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) : Jean Rottner, via son entreprise CGSF Conseil, a touché 150 000 € en 30 mois de travail pour la société Adhoc. 15 000 € pour les trois derniers mois de 2019, 15 000 € pour les trois premiers mois de 2022, 60 000 € pour chacune des années pleines. »

Ce lundi 9 janvier, les Dernières Nouvelles sortent un autre papier intitulé « Jean Rottner consultant : 30 mois à la loupe » et annonce carrément la couleur : « D’octobre 2019 à mars 2022, Jean Rottner a officié comme consultant pour la société Adhoc d’Hugues Anselin. Dans le même temps, la Région Grand Est, qu’il présidait, faisait appel à un cabinet de chasseur de têtes coprésidé par le même Hugues Anselin. Un mélange des genres que ce dernier relativise. » On notera au passage que ledit Hugues Anselin est un proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Laurent Jacobelli saisit la Haute autorité pour la transparence de la vie publique

Dans la foulée, le président du groupe des élus RN et apparentés du conseil régional du Grand Est et député de la Moselle, Laurent Jacobelli, annonce, le mardi 10 janvier, son intention d’alerter « la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) ainsi que les associations anti-corruption sur le cas Jean Rottner » : « La presse dévoile, ce mardi, qu’il  a exercé en tant que consultant […] durant près de trois ans contre une rémunération de 5 000 euros par mois soit un total de 150 000 euros. […] Tout ce que nous apprenons sur [sa] fin de la carrière politique […] est accablant et peut poser un problème déontologique […].

Le mélange des genres vient frôler l’indécence, quand on ajoute qu’il exerçait en tant que consultant dans un cabinet chargé de recruter des cadres pour la région qu’il présidait. »

Sur Facebook, l’élu du Rassemblement National enfonce le clou : « L’ancien Président de la Région Grand Est a mené une discrète activité de consultant dans un cabinet chargé de recruter pour la Région qu’il dirigeait. Jean Rottner a trahi l’Alsace, les électeurs et sa majorité, il faut s’assurer qu’il n’a pas trahi la loi ! »

Le lendemain, le quotidien rémois L’Union reprend l’affaire et sort un papier sur les « juteuses missions de consultant de Jean Rottner » et attaque bille en tête le président démissionnaire de la région Grand Est :

« 5 000 € par mois pour deux jours de travail, 150 000 € en moins de trois ans.

Alors qu’il présidait la Région Grand Est, Jean Rottner a multiplié ses revenus par deux, entre 2019 et 2022, au risque d’un conflit d’intérêts : il effectuait des missions pour un dirigeant qui travaillait lui-même pour la collectivité. »

Le même jour, l’association Anti-Corruption AC !! annonce avoir déposé plainte auprès du Parquet national financier pour favoritisme et prise illégale d’intérêts. La balle est donc désormais dans les mains de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique et du Parquet national financier. Affaire à suivre…

Jean Rottner - né le 28 janvier 1967 à Mulhouse, médecin urgentiste de profession, maire de Mulhouse (2010-2017), vice-président du conseil régional du Grand Est (2016-2017), puis président du conseil régional du Grand Est (2017-2022), fonction dont il démissionne en décembre 2022.

Photo : Facebook / Jean Rottner

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