Italie – Comme les statistiques officielles du ministère italien de l’Intérieur (à fin 2022 et fin 2020) disponibles en ligne le montrent très clairement, le nombre de migrants débarquant en Italie a littéralement explosé au cours des trois dernières années.
En effet, ce chiffre, qui avait été ramené de 23 370 en 2018 à 11 471 en 2019, a subitement bondi à 34 154 en 2020, puis à 67 477 en 2021 et à 105 129 en 2022, soit presque dix fois plus que trois ans plus tôt. Ces migrants se retrouvent essentiellement en Lombardie, en Émilie-Romagne, en Sicile, au Piémont et au Latium (région de Rome). Ils sont essentiellement originaires d’Égypte (20%), de Tunisie (17%), du Bangladesh (14%), de Syrie (8%) et d’Afghanistan (7%).
On constatera que la baisse significative du nombre de nouveaux migrants (-51%) entre 2018 et 2019 correspond à la période (1er juin 2018 – 5 septembre 2019) où le secrétaire fédéral de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, a exercé les fonctions de ministre de l’Intérieur.
Or, depuis le 22 octobre 2022, l’Italie est à désormais gouvernée par un gouvernement national-conservateur dirigée par la présidente du mouvement Frères d’Italie, Giorgia Meloni, à la tête d’une coalition incluant également la Ligue du Nord et Forza Italia (de Silvio Berlusconi) et disposant d’une majorité de 237 sièges sur 400 à la Chambres des députés et de 115 sièges sur 206 au Sénat – une situation assez rare en Italie pour être soulignée.
Qu’en est-il alors du bilan des trois premiers mois du gouvernement Meloni en matière de migrants ? Force est de constater : pas grand chose pour le moment. Le nombre des « nouveaux venus », qui avait explosé en octobre 2022 (13 493 contre 7097 en octobre 2021), a été ramené à 9058 en novembre 2022 (contre 9517 en novembre 2021), avant de repartir à la hausse avec 10 788 migrants débarqués en décembre 2022 (contre 4534 en décembre 2021). La tendance se poursuit, toujours selon les chiffres du ministère, au mois de janvier : on comptait 4137 migrants entre le 1er et le 25 janvier 2023 (contre respectivement 2051 et 872 au cours de la même période de 2022 et 2021).
En d’autres termes, on ne constate pas encore dans les chiffres de conséquences tangibles du changement politique opéré au palais Chigi il y a seulement trois mois. Il est donc certainement trop tôt pour juger de résultats avant la fin 2023, d’autant plus que Giorgia Meloni semble vouloir aborder plus en profondeur la question migratoire sans se contenter uniquement de bloquer tel ou tel navire affrété par des ONG au rôle plus que douteux.
Ainsi, en visite à Alger, ce 23 janvier, la Première ministre italienne a notamment déclaré à ce sujet : « La migration est toujours la réponse à un manque d’opportunités. […] Donc
si nous ne posons pas de manière contextuelle le problème du blocage des flux irréguliers – un objectif que l’Italie se fixe – et aussi la question de ce que les personnes qui fuient puissent rester dans leur pays, nous continuerons à traiter la question de manière myope.
[…] Je pense qu’il est dans l’intérêt géopolitique de l’Europe dans son ensemble d’être plus présent en Afrique, également pour endiguer la présence de la Russie [et] de la Chine ». Giorgia Meloni se propose donc d’éliminer aussi les causes de migration en traitant le problème à la racine.
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