C’est un fait établi ; l’insécurité s’est largement répandue et banalisée dans notre société, les premières victimes de cette terreur du quotidien sont bien entendu les femmes, particulièrement au travers du harcèlement de rue, un phénomène grandissant encore trop peu pénalisé aujourd’hui.
En France, en 2020, selon l’IPSOS une femme sur trois a été victime d’au moins une situation de harcèlement sexuel dans un lieu public ; dans un autre sondage IPSOS à la même période, on décompte 81 % de femmes ayant été victimes de harcèlement sexuel dans un lieu public. Cette situation inquiétante est en constante augmentation dans certaines métropoles de l’hexagone.
Pour tenter de lutter contre cela, le dispositif « Angela » vient de faire son apparition à Mulhouse avec plusieurs dizaines de boutiques du centre ville participant à l’opération.
En quoi cela consiste ?
Mis en place pour le moment à Mulhouse et à Pau, le dispositif « Angela » (rien à voir avec Angela Merkel) nous vient du Royaume-uni où il a connu un succès mitigé depuis son entrée en vigueur en 2016.
La volonté est de créer à l’intérieur des villes un réseau de lieux sûrs (bars, restaurants, hôtels, supermarchés, commerces…) pour prévenir et lutter contre le harcèlement de rue, avec le soutien de HeForShe, le mouvement de solidarité pour l’égalité entre les Femmes et les Hommes des Nations Unies Femmes.
Le dispositif est d’ailleurs encadré en France par le secrétariat d’Etat pour l’égalité entre les hommes et les femmes.
Concrètement, Si une personne ne se sent pas en sécurité, elle peut trouver refuge dans l’un des établissements partenaires – identifié grâce au sticker orange« Demandez Angela » sur sa vitrine.
Le commerçant volontaire s’engage à travers une charte bien précise, à accueillir la victime en totale bienveillance, sans jugement, en priorité par rapport à sa clientèle aussi longtemps que nécessaire et doit permettre à la personne réfugiée au sein de son établissement de contacter les secours par tout moyen.
Les limites du système
Du côté de la mise en pratique, même si Mulhouse souffre particulièrement (entre autres) de cette forme de délinquance, on imagine mal une femme harcelée en situation d’urgence regarder la couleur des vignettes sur une vitrine avant de rentrer se réfugier dans une boutique , ni consulter une application pour savoir dans quel endroit échapper à son agresseur, dans le même temps il serait mal venu pour un commerçant quel qu’il soit de ne pas apposer la fameuse vignette sur sa boutique ne serait-ce que pour des questions d’image.
Souhaitons donc qu’Angela ne soit pas qu’une opération de communication et que le plan permette de réduire grandement le harcèlement de rue à Mulhouse, au moins de manière dissuasive à défaut d’être répressive.
- Source image : Gouvernement, plan Angela