La réintroduction des « grands prédateurs » dans les forêts d’Europe occidentale fait à chaque fois débat, dangers pour les uns, bienfait pour les autres, quoi qu’il en soit le Land voisin du Bade-Wurtemberg a tout récemment annoncé l’installation d’une dizaine de femelles Lynx dans le massif de la Forêt Noire à l’Automne 2023.
Une présence menacée mais pas menaçante.
Le lynx Boréal, ou Loup Cervier, injustement appelé « Lynx d’Europe » est une espèce endémique d’Eurasie, avec une présence résiduelle en Europe occidentale, il aurait disparu de la région rhénane à la fin du XIXe siècle, il subsiste cependant des populations notables dans les montagnes suisses, en Italie du Nord et en Slovénie, les tentatives de réintroduction dans nos régions datent quant à elles des années 1980 avec une vingtaine d’individus replacés dans les Vosges et en Allemagne voisine.
Ces projets ne se sont pas tous soldés par des réussites du fait du principal prédateur de cet animal craintif : l’homme. En effet à peine une dizaine d’animaux auraient survécu du fait de la chasse et du trafic routier, impitoyable pour les jeunes félins. Pourtant le Lynx ne représente aucun danger pour l’être humain en milieu naturel, leur comportement les amenant plutôt à la fuite et à l’évitement.
Aucun risque donc de voir apparaître une nouvelle bête du Gevaudan terrorisant les campagnes, les attaques de troupeaux sont quant à elles rarissimes.
En revanche, la présence du Lynx est très bénéfique pour équilibrer l’écosystème de nos forêts tout en réduisant la prolifération du gibier, le canton Suisse d’Obwald en a d’ailleurs tiré profit puisque suite à la réintroduction du Lynx au début des années 2000, l’administration locale a pu économiser plus de 350 000 francs suisses de subvention dues aux dégâts causés par les ongulés (cerfs, sangliers, daims).
La question de la survie.
Selon un communiqué, les autorités du Bade-Wurtemberg espèrent dynamiser la population de lynx afin d’éviter à terme leur disparition en Europe occidentale, la réintroduction de femelles permettra donc d’encourager une croissance naturelle, malheureusement il y a peu de chance que nous puissions apercevoir des familles de lynx parcourant les forêts vosgiennes, le passage entre les deux massifs forestiers étant quasi impossible pour l’animal du fait de la concentration urbaine de la plaine d’Alsace et bien sûr du Rhin qui les sépare.
Il ne reste qu’à compter sur une décision politique analogue du côté français qui prendrait exemple sur l’initiative allemande, ça ne serait pourtant pas la première fois dans ce domaine.