En janvier dernier Julian Assange s’est invité à Strasbourg dans le cadre d’une représentation théâtrale sur son parcours organisée au TNS par le collectif Assange Odysseia . Cet événement fût l’occasion de mettre en lumière les dessous de l’affaire Assange auprès du public et de livrer un récit de l’épopée du lanceur d’alerte le plus connu au monde à travers les témoignages de ses plus proches soutiens.
Julian Assange, actuellement en détention après son arrestation en 2019 dans l’ambassade d’Equateur à Londres, est toujours persécuté par les États-Unis pour avoir révélé les crimes de guerre américains en Irak grâce à la désormais célèbre organisation Wikileaks. Il attend encore aujourd’hui son extradition imminente vers le pays de l’oncle Sam où il risque pas moins de 175 ans de prison pour espionnage. Au total Wikileaks avait rendu public l’intégralité de plus de 700 000 documents et câbles diplomatiques américains principalement sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan.
Au total Wikileaks avait rendu public l’intégralité de plus de 700 000 documents et câbles diplomatiques américains principalement sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan.
Pourtant dans un communiqué de la Maison Blanche du mois de mai, à l’occasion de la journée de la liberté de la presse, Joe Biden fustigeait «les régimes qui visent à réduire au silence les personnes qui disent la vérité » et louait « les journalistes qui consacrent leur vie à informer le monde et à partager la vérité ». Et bien le même Biden a non seulement refusé de lever les accusations portées contre Assange mais son administration n’a également pas donné suite à la lettre ouverte signée par un collectif de journaux – regroupant the New York Times, the Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El País – appelant expressément l’administration Biden à abandonner les charges relatives à la loi sur l’espionnage pour lesquelles Assange est poursuivi. Il est d’ailleurs opportun de rappeler que l’administration Obama-Biden a poursuivi plus de lanceurs d’alerte au titre de ce chef d’accusation que tous les gouvernements précédents réunis.
Rappelons au passage que la France (pays où l’accueil des réfugiés politiques ou non est un invoqué comme un principe sacré) a refusé l’Asile à Assange en février 2022.
Au delà des innombrables rebondissements et circonvolutions de cette affaire, Julian Assange incarne un modèle rare de transparence pour le métier de l’information. Il constitue surtout une douloureuse épine dans le pied d’un Occident prétendument vertueux qui se drape un peu trop vite dans l’étendard immaculé de la démocratie libérale. Car la liberté de la presse comme les droits humains semblent bel et bien avoir, ici aussi, leurs limites. Rappelons au passage que la France – pays où l’accueil des réfugiés politiques ou non est un invoqué comme un principe sacré – a refusé l’Asile à Assange en février 2022.