Une usine de méthanisation installée depuis tout récemment à Rittershoffen soulève la colère des riverains pour des questions écologiques mais aussi des problèmes d’irrégularités dans son exploitation.
La méthanisation est une technologie de production de gaz basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, méthode controversée, elle constitue une alternative à la production gazière classique en utilisant des terres agricoles.
Une exploitation écologique .. sur le papier seulement
En principe, la méthanisation a tout d’un procédé écologique : transformer, grâce à l’action des micro-organismes, les déchets de l’agriculture (les bouses, certaines cultures intermédiaires), de l’agroalimentaire ou encore les tontes de pelouses municipales en gaz, électricité, chaleur, carburant, pourtant cette nouvelle méthode de production de plus en plus répandue est loin de faire l’unanimité.
L’installation d’une usine de méthanisation engendre en effet un trafic routier important dans des zones rurales, ce qui amène de la pollution supplémentaire dans des secteurs retirés, de plus son impact sur la qualité des sols est loin d’être bénéfique sur le long terme, selon des études scientifiques publiées dans la presse spécialisée elle présenterait une vraie menace de pollution des sols et d’émission de gaz à très grand effet de serre.
Rien ne va plus à Ritteshoffen
En fin d’année dernière, un collectif de riverains des villages de Rittershoffen et Kuhlendorf s’était mobilisé afin d’empêcher l’ouverture de l’usine de Méthanisation de Rittershoffen, une pétition avait été mise en ligne pour tenter d’alerter sur les dangers écologiques d’une telle installation dans la campagne alsacienne
· CONTRE l’USINE DE METHANISATION entre RITTERSHOFFEN et KUHLENDORF ·
Rien n’y fit, l’usine a ouvert ses portes en début d’année et le trafic a donc pu commencer pour alimenter le site, une exploitation d’importance qui comporte notamment :
- Un terrain de construction de 4,1 h
- Deux digesteurs d’un volume utile de 3 120 m³ chacun
- Un réservoir à digestats d’un volume utile de 6 400 m³
- Une station d’épuration par adsorption
- Une station d’injection sur le réseau GRT
Un rapport accablant de la direction régionale de l’environnement
En date du 8 Mars 2023, la direction régionale de l’environnement a dû inspecter le site et le moins que l’on puisse dire est que la gestion de l’usine est pour le moins inquiétante, 7 anomalies avec mises en demeure ont été relevées sur les points suivants :
- Absence de bâchage des substrats
- Absence de zone de lavage des moyens de transport
- Négligences dans la Surveillance de l’installation
- Mauvaise localisation des zones à risque d’explosion
- Absence de moyens d’alerte et de lutte contre l’incendie
- Non conformité des plans des locaux et schéma des réseaux
- Construction de puits de forages d’eau non déclarés
Ces manquements graves ont tous été assortis d’un délai de trois mois pour être régularisés, le rapport complet est disponible sur le site du gouvernement : géorisques.gouv
Une chose est sûre, la colère des riverains ne va pas s’atténuer à Rittershoffen devant tant de négligences et le sujet de la méthanisation n’a pas fini de faire parler de lui car si elle procure bien des revenus supplémentaires pour les propriétaires de terres agricoles et un service de production alternatif d’énergie, elle demeure aux yeux de beaucoup une technologie hasardeuse quant à ses répercutions sur la qualité de nos sols et de l’environnement.
- Source photo : Wikimédia Francois Goglins CCASA 4.0
1 commentaire
ADEQ Rittershoffen
Merci pour cet article qui reflète notre réalité. Il y a 3 ans pratiquement aucun conseiller municipaux nous a cru quand on leur a envoyé notre livret de 136 pages avec tous les manquements et les problèmes que cette usine allait engendrer. Maintenant elle est là et au premier regard, il est facile de se rendre compte que la présentation de cette usine ne corresponds pas à la réalité. Les problèmes ont déjà commencé, alors que l’on nous avait certifié qu’il y en aurait pas.
Le Président de notre ComCom peut se réjouir d’avoir gagné le premier recours, il oublie de préciser qu’à une certaine époque il a affirmé que cette usine n’était pas à l’endroit approprié.
Maintenant, cette usine est là, et notre association sera toujours là pour dénoncer les problèmes et les nuisances engendrés.
Le plus triste dans cette histoire, c’est que pour défendre notre région, notre commune, nous avons du engager des fonds propres, et qu’un tribunal nous a condamné à verser 3.600 € à la ComCom uniquement parce que nous avons « osé » nous défendre. On voit le résultat !