Le projet d’extension du tram vers le nord de l’agglomération strasbourgeoise, porté par la municipalité de Jeanne Barseghian, a essuyé un coup dur. Dans un rapport de 150 pages rendu le 9 décembre, la commission d’enquête a émis un avis défavorable, pointant des problèmes de coût, de planification et d’impact sur la circulation. Ce rejet marque un revers politique majeur pour la majorité écologiste et remet en question plusieurs initiatives connexes.
- Un projet controversé dès le départ
Initialement estimé à 140 millions d’euros, le coût du projet a grimpé à 268 millions, nourrissant les critiques. Prévu pour relier l’ouest de Schiltigheim et Bischheim au réseau de tram actuel, le tracé incluait neuf stations sur 5 kilomètres, avec une mise en service prévue pour 2027.
L’objectif affiché était de promouvoir une mobilité durable et de désengorger la circulation automobile dans l’agglomération.
Cependant, les oppositions ont émergé rapidement. Des élus comme Pierre Jakubowicz et Catherine Trautmann avaient proposé des tracés alternatifs, tandis que le maire de Bischheim, Jean-Louis Hoerlé, a contesté l’utilité publique du projet devant le tribunal administratif. Les riverains, eux, ont organisé des manifestations, dénonçant les perturbations potentielles sur leur quotidien.
- Un rejet aux conséquences multiples
La commission d’enquête a relevé des faiblesses structurelles dans le projet, notamment une analyse insuffisante des conséquences sur la circulation. Les critiques portent également sur le financement, jugé disproportionné par rapport aux bénéfices attendus. Ce rejet ne bloque pas uniquement le projet de tram, mais aussi des initiatives dépendantes, telles que la piétonnisation de l’avenue des Vosges et de la route de Bischwiller à Schiltigheim, ainsi que la création d’un parc de 16 hectares à la place de Haguenau.
- Un coup dur pour la mairie écologiste
La maire Jeanne Barseghian, qui voyait dans ce projet un levier pour l’écologie et l’équité territoriale, subit une défaite politique majeure. Ce projet faisait partie des engagements clés de son mandat. Le rejet met en lumière la difficulté de concilier ambition écologique, gestion des coûts et concertation avec les citoyens.
Avec 6 700 contributions à l’enquête publique, le débat sur l’extension du tram a révélé un enjeu crucial pour l’agglomération : trouver un équilibre entre développement durable et acceptabilité sociale.
La mairie devra revoir sa copie pour répondre aux attentes des habitants et proposer des solutions de mobilité à la hauteur des enjeux environnementaux et économiques.
source photo d’illustration : wikimédia Amaury Belle CC BY-SA 4.0