Cette semaine un tribunal indien a exhorté le gouvernement à déclarer l’état d’urgence nationale face à la vague de chaleur extrême qui sévit depuis plusieurs jours, avec des températures dépassant les 45°C. Selon cette juridiction, la canicule a déjà causé la mort de centaines de personnes.
- Bihar et Rajasthan : Les États les plus touchés
L’État du Bihar, situé dans le nord-est du pays, a signalé vendredi qu’au moins 14 personnes avaient succombé à la chaleur en une seule journée. Parallèlement, la Haute Cour du Rajasthan, dans le nord-ouest, recommande que l’Inde reconnaisse les futures vagues de chaleur comme des « calamités nationales« . Une telle reconnaissance permettrait de mobiliser les services de secours de manière comparable à celle mise en œuvre lors d’inondations ou de cyclones.
La cour a mis en cause les autorités pour leur incapacité à prendre des mesures adéquates afin de protéger la population contre cette crise climatique.
- Des indemnisations réclamées
La Haute Cour du Rajasthan a également ordonné au gouvernement de cet État de créer des fonds d’indemnisation pour les familles des victimes de la canicule. « En raison des températures extrêmes, des centaines de personnes ont perdu la vie au cours du mois« , a déclaré la cour dans une ordonnance rendue jeudi.
C’est dans cette région, à Phalodi, en bordure du désert du Thar, que l’actuel record de chaleur en Inde, 51°C, a été enregistré en 2016.
Dans l’Uttar Pradesh au nord du pays on dénombre 33 agents électoraux décédés du fait des chaleurs extrêmes lors du dernier jour des élections législatives .
- La capitale sous tension
À New Delhi, une métropole de près de 30 millions d’habitants, la consommation d’électricité a atteint un pic mercredi en raison de l’utilisation massive de la climatisation. Un record potentiel de 52,9°C y a été enregistré ce jour-là, bien que les autorités vérifient s’il ne s’agit pas d’une « erreur de capteur« . En 2022, la capitale avait déjà connu une température de 49,2°C.
- Le changement climatique pointé du doigt
L’Inde est familière des épisodes de chaleur intense en été, mais des décennies de recherche ont montré que le changement climatique aggrave ces épisodes, les rendant plus longs, plus fréquents et plus sévères.
Selon Aarti Khosla, directrice de l’institut de recherche Climate Trends, les températures extrêmes à New Delhi sont « la preuve que la question de la survie est désormais primordiale« .
- Le défi énergétique
L’Inde, avec ses 1,45 milliard d’habitants, est le troisième émetteur de gaz à effet de serre au monde. Actuellement, le charbon demeure la principale source d’énergie du pays. Le gouvernement de Narendra Modi insiste sur le fait que les combustibles fossiles restent essentiels pour répondre à la demande énergétique croissante et sortir des millions de personnes de la pauvreté.
Selon plusieurs spécialistes, la déforestation galopante depuis plusieurs années en Inde aurait également contribué à aggraver et accélérer le phénomène de réchauffement des plaines indiennes, la modernisation du pays passera inévitablement par une prise en compte des défis climatiques dans les prochaines années.
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