Pourquoi le niveau des nappes phréatiques du Haut-Rhin reste critique malgré les pluies abondantes

Haut-Rhin, France – Malgré des mois de pluies abondantes, le niveau des nappes phréatiques dans le sud du Haut-Rhin demeure préoccupant. Cette région, faisant exception sur la carte nationale des nappes phréatiques, continue de montrer des niveaux anormalement bas, contrastant avec les 65 % des nappes françaises actuellement à un niveau « très satisfaisant« , selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

  • Une anomalie géologique

Le Sundgau, dans le sud de l’Alsace, est particulièrement affecté. Le rapport du BRGM précise que les niveaux restent « très défavorables » sur cette nappe inertielle, malgré des pluies de 50 à 70 mm, excédant de 10 % la normale saisonnière. Elodie Giuglaris, hydrogéologue au BRGM, explique que ce phénomène n’est pas surprenant en raison de la complexité des comportements des eaux souterraines dans cette zone. « Il y a un décalage important entre l’infiltration de l’eau et l’impact sur le niveau de la nappe, » souligne-t-elle. En d’autres termes, les pluies récentes ne montreront leurs effets sur le niveau de la nappe que dans plusieurs mois.

Carte brgm, source : site internet officiel
  • Obstacles naturels et profondeur de la nappe

Le cheminement de l’eau dans le Sundgau est loin d’être direct. Les gouttes d’eau rencontrent de nombreux obstacles géologiques, ralentissant leur progression vers la nappe. De plus, la nappe exploitable se situe profondément sous la surface, ce qui prolonge le temps nécessaire à la recharge. Fabien Toulet, chargé d’études à l’Aprona, confirme que « la nappe entre le sud de Mulhouse et le secteur de Bâle est relativement profonde« , ce qui complique encore davantage le processus.

  • Impact du réchauffement climatique

Le réchauffement climatique joue également un rôle significatif. Les cycles naturels de niveaux élevés et bas des nappes sont perturbés, avec des sécheresses plus fréquentes et intenses. La diminution du manteau neigeux dans les zones de moyenne montagne, combinée à une végétation qui se développe plus tôt, réduit la période durant laquelle l’eau de pluie peut efficacement recharger les nappes. « La fenêtre de tir pour la recharge efficace se réduit« , explique Elodie Giuglaris, ajoutant que la recherche sur ces impacts est en cours.

  • Perspectives futuristes

Pour atteindre un niveau satisfaisant, plusieurs saisons de conditions favorables seraient nécessaires. Cependant, les scientifiques restent prudents, reconnaissant que les changements climatiques pourraient modifier les modèles de recharge hydrologique. Les études en cours cherchent à mieux comprendre ces dynamiques, mais une chose est sûre : la situation des nappes phréatiques du sud de l’Alsace restera critique pour encore plusieurs mois, même en cas de conditions météorologiques favorables.

En conclusion, la complexité géologique du Sundgau, combinée aux effets du réchauffement climatique, explique pourquoi cette région reste une exception sur la carte des nappes phréatiques de France. Les solutions nécessiteront une compréhension approfondie des interactions entre ces facteurs pour mieux gérer cette ressource vitale à l’avenir.

source illustration : pixabay

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1 commentaire

  • Brounahans l'Alsaco

    Une fois de plus on cherche midi à quatorze heures !
    Le Sundgau c’est une région très argileuse qui ne permet pas la même infiltration qu’une terre sablonneuse par exemple.
    Le Sundgau était une terre de vergers et de haies qui ralentissaient le ruissellement et augmentaient la pénétration de l’eau dans le sol
    On en a fait un désert de maïs qui accélère le ruissellement, augmentant les risques d’inondation plus bas dans la plaine en supprimant le pouvoir d’absorption d’une prairie et ralentissant (pour le moins) la recharge des nappes souterraines.
    Inutile donc de nous seriner avec le réchauffement climatique, le Sundgau étant une région « fraîche et humide ».
    Ma conclusion ? L’ignorance des lois de la vie est patente et l’appât du gain le seul viatique du bipède prétentieux ! Mais bon, « après moi le déluge » Arrivera t-il à remplir la nappe ?

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