Le chancelier autrichien Karl Nehammer, à la tête du gouvernement conservateur, a annoncé son intention de démissionner après l’échec des négociations pour former une coalition. Cette décision intervient dans un contexte politique tendu, où l’incapacité à constituer un gouvernement majoritaire menace de plonger le pays dans une période d’incertitude.
- Une rupture des négociations
Plus de trois mois après les élections législatives du 29 septembre 2024, les discussions entre le Parti populaire autrichien (ÖVP) et les sociaux-démocrates (SPÖ) n’ont pas permis d’aboutir à un accord. Dans un message publié sur le réseau social X, Karl Nehammer a exprimé son regret face à cet échec, déclarant :
"Nous avons longuement et honnêtement négocié. Mais sur des points essentiels, aucun accord n'a été possible avec le SPÖ."
L’objectif initial de ces discussions était de constituer un bloc centriste, incluant également les libéraux de Neos, afin de contrer la montée du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), classé à la droite de l’ÖVP.
- Un pays en échec politique
Les élections législatives ont laissé un paysage politique fragmenté :
- FPÖ (droite) : 28,8 % des voix.
- ÖVP (centre-droit) : 26,3 %.
- SPÖ (centre-gauche) : 21,1 %.
- Neos (libéraux) : 9 %.
Les discussions tripartites se sont effondrées après le retrait des Neos, compliquant encore davantage la formation d’une majorité. Dans ce contexte, le FPÖ, bien que leader du scrutin, n’a pas réussi à nouer d’alliances pour gouverner. Cependant, sa position pourrait se renforcer, car il est crédité de 38 % dans les derniers sondages.
- Des scénarios incertains
La démission de Karl Nehammer ouvre plusieurs possibilités pour l’avenir politique de l’Autriche :
- Élections anticipées : Un nouveau scrutin pourrait redéfinir le paysage politique, mais semble renforcer encore le FPÖ.
- Alliance avec le FPÖ : L’ÖVP pourrait envisager des négociations avec le FPÖ, une hypothèse où la gauche s’indigne, très probable, le président autrichien demande au FPÖ de former un gouvernement.
- Négociations prolongées : Une tentative pour constituer une coalition alternative pourrait être relancée, mais les chances de succès semblent minces.
- Le départ d’un leader pragmatique
Karl Nehammer, connu pour sa défense de la stabilité et son opposition aux solutions radicales, quitte la scène dans un moment de fragilité pour son parti. En dépit de son approche modérée, il n’a pas réussi à dépasser les fractures idéologiques et stratégiques qui traversent le système politique autrichien. Le président autrichien a demandé au chef de file du FPÖ de former un gouvernement dans les trois mois à venir, une première historique.
Alors que le parti de droite FPÖ semble désormais incontournable, l’Autriche se prépare à une période de turbulences politiques, dont les implications pourraient résonner bien au-delà de ses frontières.
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