La Saint-Berthold, ou Berchtoldstag en allemand, est un jour férié chez nos voisins suisses, enfin… pas partout… uniquement dans les cantons de Berne, du Jura, de Neuchâtel, de Thurgovie, de Vaud, ainsi que dans certaines parties des cantons de Zurich, de Schaffhouse et d’Argovie.
Ceux qui auront, par curiosité, jeté un coup d’œil au calendrier auront constaté que ce prénom ne figure pas parmi les saints catholiques du jour. Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord, les régions susnommées sont toutes majoritairement protestantes – la Suisse est en effet, tout comme l’Alsace et la Lorraine thioise – une terre partagée entre catholiques et protestants… et cette fête est une tradition protestante dont le caractère « saint », dont religieux n’apparaît d’ailleurs que dans la traduction française, car dans le nom original allemand, il n’en est nullement question.
En d’autres termes, le jour de la Saint-Bertold, les protestants helvétiques ne fêtent pas un saint qui se serait appelé ainsi. Comme nous le révèle entre autres le Schweizerisches Idiotikon (dictionnaire des dialectes suisses alémaniques), d’aucuns y ont vu une relation avec une ancienne déesse celte du nom de Perchta, semblable à la Dame Holle du conte germanique du même nom, avec une déesse germanique, avec un bienheureux Berthold de l’abbaye d’Engelberg (canton d’Obwald, en Suisse centrale), voire avec de duc Berthold V de Zähringen – qui aurait pu devenir empereur d’Allemagne.
En vieil allemand, entre le XIe et le XIVe siècle, l’Épiphanie se disait berchttag ou berchtnacht. Ce mot s’est perdu dans cette signification au fil du temps, mais il en est resté une fête de l’hiver et du changement d’année, une prolongation du Nouvel-An (tout comme le lundi de Pâques ou le lundi de Pentecôte) s’inscrivant dans la tradition de la Fastnacht carnavalesque alémanique, venu aussi compenser la suppression du jour férié de l’Épiphanie dans les cantons réformés.