La protection du grand hamster d’Alsace en péril : l’exemple de Jebsheim

Malgré une décennie d’efforts et 15 millions d’euros investis, la situation du grand hamster d’Alsace dans le Haut-Rhin semble critique, notamment à Jebsheim, où seuls trois spécimens ont été recensés cette année. Face à ce constat d’échec, plusieurs agriculteurs de la commune souhaitent se retirer de la convention de protection, considérant que le programme a échoué et que les efforts demandés sont disproportionnés par rapport aux résultats obtenus.

  • Un programme jugé inefficace et contraignant

Depuis 2013, cette convention mobilise 230 agriculteurs, qui s’engagent à cultiver des plantes favorables au hamster (blé, orge, luzerne) en échange d’une compensation financière de 500 euros par hectare. Mais pour certains agriculteurs ces compensations sont insuffisantes :

  • Rendement problématique : les sols caillouteux et la sécheresse limitent la production de blé à environ 70 quintaux par hectare, loin des 140 quintaux atteints avec le maïs, bien plus rentable.
  • Efforts non récompensés : malgré les tentatives de réintroduction, les populations de hamsters restent quasi nulles dans le secteur.

D’autres agriculteurs qui cultivent du blé bio depuis 2013, dénoncent des contraintes élevées et des résultats décevants. « On s’est démené pour rien« , résument certains.

photo pixabay
  • La monoculture du maïs en accusation

La monoculture de maïs, largement adoptée dans le Haut-Rhin, est jugée responsable de l’effondrement de la biodiversité. Selon certaines associations de l’environnement, elle a conduit à la disparition du grand hamster et de 80 % de la flore et de la faune en plaine. Il accuse également l’État d’avoir favorisé cette tendance, mettant en péril les efforts de conservation.

  • Une menace réglementaire

Le retrait des agriculteurs pourrait entraîner la mise en place d’un arrêté préfectoral imposant une zone prioritaire pour la biodiversité (ZPB). Cela contraindrait les exploitants à cultiver des plantes favorables au hamster sans compensations automatiques, suscitant une vive opposition parmi les agriculteurs locaux. Roger, éleveur et sceptique de longue date, dénonce une mesure inutile : « On ne préserve pas quelque chose qui n’existe pas« .

  • Des disparités entre Bas-Rhin et Haut-Rhin

La situation dans le Haut-Rhin contraste fortement avec celle du Bas-Rhin, où la population de hamsters est plus stable. En 2024, 1155 terriers ont été recensés dans ce département, soit une population estimée à 4000 individus.

Ce décalage met en lumière des différences dans la gestion et les pratiques agricoles, et soulève des questions sur l’efficacité du programme dans certaines zones.

  • Vers une solution équilibrée ?

Les syndicats appellent à une meilleure rémunération des agriculteurs volontaires pour maintenir les cultures favorables au hamster. Selon eux, les critiques envers le programme cachent souvent des motivations économiques liées à la rentabilité du maïs.

Cependant, pour les agriculteurs qui constatent l’échec sur le terrain, la priorité devrait être d’arrêter des programmes jugés inefficaces et de repenser les politiques de conservation dans le Haut-Rhin.

La survie du grand hamster d’Alsace, emblème de la biodiversité régionale, semble désormais dépendre d’une conciliation entre enjeux écologiques et viabilité économique des exploitations agricoles.

source photo d’illustration : pixabay

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