Déjà très confortable, l’augmentation de près de 300 euros de l’avance sur frais de mandat des députés, votée mercredi, suscite un fort sentiment d’injustice alors que les Français font face à l’inflation et aux privations. Les réactions sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique qualifient cette décision de « choquante » et « en décalage« , notamment dans le contexte de la fronde des agriculteurs réclamant une vie décente de leur travail.
Cette augmentation, approuvée par 17 voix sur 19 lors d’une réunion au Palais-Bourbon, est présentée comme une réponse à la hausse des prix auxquels les députés font face dans l’exercice de leur mandat.
Cependant, elle dépasse l’inflation de 4,9 % en 2023, selon l’Insee.
La polémique s’intensifie, car elle survient à un moment où l’Assemblée nationale refuse l’indexation des salaires sur l’inflation, envisage de doubler les franchises médicales et d’augmenter le prix de l’électricité. Dans ce contexte, les critiques soulignent l’inadéquation de cette augmentation avec les réalités vécues par les Français confrontés à une période d’inflation.
La députée Valérie Rabault déplore que ce signal soit « inapproprié » en période d’inflation, tandis que le député Insoumis François Ruffin exprime son indignation, soulignant que les députés se permettent une augmentation budgétaire alors que d’autres mesures économiques impactent négativement les citoyens.
L’argument selon lequel cette augmentation vise à couvrir les dépenses liées à la fonction parlementaire est remis en question, notamment par la députée Astrid Ribardière, qui estime que l’avance sur frais de mandat était déjà « suffisante« . Elle souligne que des sommes considérables ont été restituées en 2022 et suggère que cet argent aurait pu être utilisé pour revaloriser le crédit collaborateur, actuellement insuffisant.
L’enveloppe mensuelle correspondante aux frais de mandat s’élevait jusqu’à présent à 5 645€ pour chaque député, cette rallonge de 300€ engendrera un coût supplémentaire de plus de 2 millions d’euros par an pour l’ensemble des députés.
La proposition du député François Ruffin de reverser les 300 euros supplémentaires à l’association « Solidarités paysans » soulève également des questions, car les dons à des associations ne sont pas considérés comme des frais éligibles selon les règles de l’Assemblée nationale. Cette situation renforce le ressenti d’injustice et accentue les critiques envers cette augmentation.
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