Alsace – Alors que de nombreuses communes – tout comme les entreprises – sont frappées de plein fouet par la hausse des prix de l’énergie, la commune alsacienne de Muttersholtz (à côté de Sélestat) récolte désormais les fruits d’une politique visionnaire dont le précurseur fut le meunier du village à l’époque du Reichsland (1871-1918).
Ledit meunier avait transformé son moulin en centrale électrique hydraulique après avoir été séduit et convaincu lors d’une visite du salon de l’électricité à Francfort. Cette centrale, qui a d’ailleurs fonctionné jusqu’en 1965, a été racheté quelques décennies plus tard par la municipalité pour y réinstaller une nouvelle turbine, ainsi que deux autres sur l’Ill, non loin de là.
Interrogé par la presse, le premier adjoint, Michel Renaudet, explique la démarche de l’équipe municipale dirigée par l’écologiste Patrick Barbier :
« Nous étions conscients qu’on allait dans le mur au niveau de la raréfaction des sources d’énergie.
Bien entendu, nous ne pensions pas que surviendrait un conflit comme en Ukraine, mais le moteur c’était déjà de travailler de façon ambitieuse sur l’économie d’énergie. Et ensuite on s’est lancé dans la production. […]
On nous a pris pour des fous.
[…] Quand on a entamé la démarche, avec des coûts qui peuvent paraître astronomiques, beaucoup se posaient la question: est-ce vraiment la peine de dépenser autant d’argent pour faire une micro-centrale ? Mais aujourd’hui nous sommes pleinement récompensés. […] Depuis le mois de septembre nous sommes passés directement en autoconsommation: nous prélevons 10% de notre capacité de production pour alimenter les bâtiments publics et l’éclairage public, cela nous suffit pour être autonomes.
Donc non seulement nous n’avons plus de facture d’électricité, nous sommes juste assujettis à la taxe d’utilisation du réseau public, mais les 90% restants, nous les revendons. »