Nous ouvrons cette chronique des alsaciens qui ont marqué l’Histoire avec l’un des plus prestigieux : Le Général Jean-Baptiste Kléber, brillant soldat et génial stratège lâchement assassiné au Caire en 1800 avant le retrait de l’armée napoléonienne.
Une jeunesse entre l’Alsace, la Bavière et l’Autriche
Né en 1753 à Strasbourg, Kléber s’engage une première fois dans l’armée à l’âge de 16 ans en 1769, dans un régiment de cavalerie légère, cet engagement est de courte durée car il retourne rapidement vivre à Strasbourg pour achever ses études, le hasard veut qu’il s’installa tout près du logement de Goethe qui y habitait à la même époque. (voir notre article sur Goethe en Alsace)
Kléber devient ensuite architecte des bâtiments publics dans le Haut-Rhin, profession qu’il exercera jusqu’à l’âge 39 ans.
En 1777 poussé par un désir d’aventure, Kléber s’engage à nouveau dans l’armée, cette fois au service de Maximilien III qui vient d’ouvrir une académie militaire, il intègre l’académie militaire de Munich et l’armée bavaroise où il reste moins d’un an.
Ses plans et dessins attirent l’attention d’un diplomate autrichien : Wenceslas Kaunitz qui tombe en admiration devant Kléber et le recrute. Kléber rejoint ainsi l’armée autrichienne avec le grade de cadet. Le 1er avril 1779, il est nommé sous-lieutenant : c’est sa dernière promotion dans l’armée autrichienne.
Kleber devient soldat français
Il quitte le régiment de Kaunitz en 1783 après sept ans de bons et loyaux services pour s’en retourner dans son Alsace natale, écoeuré selon ses mémoires par le fait que les postes d’officiers supérieurs étaient réservés aux membres de la noblesse, rendant impossible son élévation dans l’armée autrichienne.
Certains historiens avancent le fait que c’est cet épisode autrichien qui fera de lui un partisan acharné de l’abolition des privilèges et un républicain convaincu.
En France pendant ce temps la révolution éclate et Kléber s’engage en tant qu’adjudant-major volontaire en Juillet 1791 dans un bataillon d’infanterie stationné à Ribeauvillé, d’un caractère tempétueux il se fait rapidement mal voir de ses supérieurs et est même mis brièvement aux arrêts en 1792.
Il est ensuite affecté dans l’Ouest de la France et prend part aux terribles guerres vendéennes, puis combat contre les chouans de Bretagne jusqu’en 1794, sa bravoure et son sens stratégique lui valent de grimper les échelons jusqu’à devenir Général.
L’expédition d’Egypte
Napoléon Bonaparte qui s’entoure d’officiers déterminés et méritants pour mener à bien sa campagne d’Egypte lui confie le commandement des régiments d’assaut lors de la prise du Caire, c’est là que Kléber reçoit une blessure par balle en plein front alors qu’il s’élance à l’attaque des murailles de la ville.
En 1799 le futur empereur Napoléon lui confie le commandement suprême de l’armée d’Egypte avant de regagner la France, Kleber reste donc au Caire à la tête de ses hommes et échoue dans ses négociations avec les Britanniques pour évacuer pacifiquement le reste des troupes françaises, alors que les anglais d’apprêtent à encercler l’armée française en dépit des accords passés il aura cette phrase célèbre d’ailleurs gravée au pied de sa statue place Kleber à Strasbourg :
« On ne répond à une telle insolence que par des victoires ; soldats, préparez-vous à combattre »
il remporte quelques jours après une victoire éclatante contre 60 000 turcs encadrés par des britanniques à Héliopolis, ce fût son dernier fait d’armes d’importance, en effet, alors que l’armée française semble enfin tenir le pays il est assassiné par un terroriste syrien d’un coup de poignard en plein cœur le 14 juin 1800 alors qu’il était en train de déjeuner.
Malgré son assassinat, il n’est pas considéré comme mort au combat, pour cette raison son nom n’est pas inscrit sur le pilier de l’Arc de Triomphe à Paris.
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